Autochromes

Qu’est ce qu’une photographie autochrome?

Brevetée par Auguste et Louis Lumière le 17 décembre 1903, l’autochrome est une plaque photographique qui enregistre les couleurs. Cette invention repose sur la théorie établie par Louis Ducos du Hauron en 1869 selon laquelle « le tamisage des trois couleurs simples s’accomplit non plus au moyen de verres colorés, mais au moyen d’une feuille translucide recouverte mécaniquement d’un grain de trois couleurs. ». Les travaux des frères Lumière consistent alors à intégrer des filtres de sélection à une échelle microscopique dans la structure-même de la plaque photographique. Après sept années de travail ininterrompu, le premier prototype d’autochrome voit le jour. Présentée par Louis Lumière à l’Académie des sciences le 30 mai 1904, la plaque d’autochrome est ensuite commercialisée à partir de 1907. Elle connait un succès immédiat. Des milliers de photographies ont été réalisées dans le monde entier au début du XXe siècle avec ce procédé que Louis Lumière considérait comme son chef-d’œuvre.

Louis Ducos du Hauron. Les couleurs en photographie, solution du problème. Paris, A. Marion, 1869

Le détail d’une invention

Le secret repose sur la fécule de pomme de terre teintée qui permet de capter et de filtrer la lumière. Onze étapes sont nécessaires pour la fabrication d’une autochrome.

La sélection des grains de fécule
La teinture
Le mélange des fécules colorées
Le premier vernis
Le poudrage
Le laminage
Le deuxième vernis
L’émulsionnage
La prise de vue
Le développement
Le vernissage et le montage

La collection Julien Gérardin à l’ENSAD -Nancy

L’École nationale supérieure d’art et de design de Nancy est propriétaire d’un fonds d’autochromes exceptionnel, déposé dans sa bibliothèque. Cette collection est composée de 6 370 autochromes de format 9 x 12 cm. Cette œuvre est due à Julien Gérardin, notaire à Nancy et photographe amateur. Bourgeois vivant dans un décor voué à l’art moderne nancéien, il pratique la photographie dès janvier 1899, date à laquelle il est admis au sein de la Société Lorraine de Photographie, une association de photographes amateurs parmi les plus importantes de France (540 membres en 1900). Les photographies ont été prises entre 1907 et 1919, sur une aire géographique qui correspond globalement à la Lorraine restée française après le Traité de Francfort.

Un patrimoine historique et esthétique de la Lorraine :

Les sujets que choisit l’artiste sont divers : portraits, paysages de villes et de campagnes, des scènes de nu et scènes composées. Une grande partie de son travail s’articule autour de la rencontre de la femme et de la nature, dans un point de vue esthétique. Cette œuvre reflète dans ses préoccupations (choix des sujets, recherche d’atmosphère, goût pour la plante et le paysage, choix des cadrages, travail sur l’image), la sensibilité de l’Art nouveau et, tout particulièrement du mouvement de l’Ecole de Nancy.

Cette collection d’autochromes est totalement inédite. Si son intérêt historique ne fait aucun doute sur un plan national, sa valeur artistique et documentaire (notamment sur la photographie d’un grand nombre de communes lorraines) est certainement non moins considérable pour la région. Numérisée en 2012, les images, qui la composent, offrent un regard nouveau sur le patrimoine historique et esthétique de la Lorraine du XXe siècle. Cette collection, mémoire de Nancy et du milieu artistique de cette époque, enrichit les travaux des chercheurs-historiens de la photographie, des historiens de l’art et des historiens travaillant sur les années 1900, ainsi que les réflexions de tous les chercheurs questionnant les notions de patrimoine et de paysage à cette époque, tant à l’échelon régional que national ou international.